jardin des PETITES RUCHES

5.Jardiner autrement, jardiner comme j’aime

mercredi 20 avril 2016 par Petites ruches

Expérimentons, repensons les espaces dans lesquels nous vivons, et apprivoisons cette nature qui nous entoure.
On ne s’ennuie jamais dans un jardin sauvage : sur chaque fleur, chaque herbe, se promène un insecte, une petite bestiole dont nous ne connaîtrons peut-être jamais le nom, car il y en a trop ! Elles nous semblent insignifiantes, et pourtant chacune est un maillon essentiel de la diversité du vivant. Un jardin sauvage est un livre ouvert où apprendre tout ce que nous ignorons.

L’herbe et la tonte

Tonte différenciée : des fréquences différentes pour augmenter la diversité


Où peut bien se cacher la vie dans un jardin tondu jusque dans ses moindres recoins ?
Elle ne le peut pas, et va voir dans les terrains d’à-côté !
Une pelouse parfaitement tondue s’apparente alors à un désert de biodiversité.
Jardin sans vie, sans bruissement ni poésie...
remplaçons cette expression "entretenir le jardin" par une autre, plus appropriée : "entretenir la biodiversité de notre jardin !...

Faire ses premiers pas en terre inconnue...

Mettons de côté nos réticences et osons laisser pousser un rond d’herbes folles au milieu du gazon,... juste pour voir... pour changer les habitudes... apprivoiser le ’sauvage’.
Le premier pas est fait.
C’est maintenant que le voyage commence : observons tout ce qui se passe dans ce fouillis d’herbes. Surprise ! une sauterelle, ... un salsifis sauvage... un chardonneret sur le salsifis.. les surprises s’enchaînent. C’est le début d’un émerveillement sans fin. Un plaisir gratuit, qui ne demande aucun effort supplémentaire. On ne peut imaginer tous les cadeaux que nous donne la nature.
A la fin mars nous irons couper quelques généreuses rosettes de pissenlits, feuilles de plantain, violettes, pâquerettes et cressonnettes, pour en faire de merveilleuses salades.

Plantain
cerfeuil penché en fleurs
Brachypodium sylvaticum

L’expérience s’est bien passée, et fiers de cette première réussite, faisons un pas de plus. Cette fois, essayons une autre technique consistant à tondre des cheminements souples, de jolies courbes invitant à la promenade. Le dessin en sera différent chaque année, au gré des envies. Promenade au milieu des herbes, des bruissements, des caresses du vent. Apprivoisons les peurs qui surgissent, peur de l’inconnu, de ce qui est tapi dans l’imaginaire de cet enchevêtrement d’herbes.

quelques allées tondues au milieu des herbes

Citation de Gilles Clément : « De quoi a-t-on peur au juste ? ... Il y a dans l’ombre épaisse des sous-bois ou dans la fange des marécages une inquiétude que l’inconscient tend à chasser. Ce qui est net et clair rassure. Tout le reste est peuplé d’elfes maléfiques... Pour changer des jardins il nous faut changer de légende : il me semble que nous en ayons les moyens. »

Faucher avec une faux
En fin de saison, alors que l’herbe est devenue trop haute pour laisser passer la tondeuse, la prairie peut être fauchée ’à la faux’, à la fin octobre, pour exporter les herbes hautes et permettre à la prairie de se régénérer. C’est un travail silencieux et méditatif, qui muscle le corps et procure bien de la joie à celui qui sait manier l’outil.
Voir l’article sur ce thème, ici

Pailler, ça sert à quoi ? Et comment s’y prendre

Récolte d’herbe sèche pour le paillage du potager
  • maintenir l’humidité au pied des légumes, des rosiers, des arbustes, des arbres...
  • limiter le désherbage de ces mêmes plantes, évitant ainsi qu’elles soient concurrencées par des herbes gourmandes et colonisatrices.
  • protéger le sol des rayonnements du soleil et de la battance des fortes pluies qui entraîne l’érosion et la perte de fertilité des sols.
  • Le paillage apporte de surcroît de la nourriture aux organismes du sol (vers de terre), qui le transforment en humus (principalement du carbone et de l’azote)

- Avec quoi pailler ? La paille de bonne qualité est difficile à trouver. Issue de grandes cultures, elle contient souvent des résidus de produits indésirables tels que des hormones servant à raccourcir les céréales pour éviter la verse.

La paille n’est pas le seul matériau efficace. Utilisons en abondance :

  • de l’herbe fauchée dans un espace naturel (foin). Après le passage des engins (faucheuse ou girobroyeur) elle est facile à ratisser. De plus, le fait de retirer cette herbe est bénéfique à la prairie en place. Les rosettes des plantes vivaces reçoivent la lumière qui est indispensable à leur germination et à leur développement.
  • de la laine de moutons (il est facile de s’en procurer gratuitement)
  • des feuilles mortes, étalées et tondues
  • du broyat de branches fines
  • des fougères
  • des engrais verts semés et fauchés sur place (moutarde, luzerne, phacélie, vesce...)
    Ces différents paillages sont peu à peu digérés par les vers de terre, les champignons et les bactéries du sol qui les minéralisent et les rendent assimilables par les plantes.

Problème de chenilles ?

Certaines années pluvieuses, sont prolifiques en chenilles, grignotant et perçant des trous partout !
Le problème va se solutionner tout seul... à condition que le jardin soit suffisamment habité par les oiseaux, (mésanges charbonnières, moineaux friquet, sittelles torchepot, troglodyte mignon... etc).
Un couple de mésange peut consommer 200 chenilles par jour, soit 30 kg de chenilles en une année en comptant l’élevage des petits !
Comment attirer ces oiseaux ? un jardin un peu sauvage, avec des bosquets d’arbustes à baies, une mare, des fleurs fanées laissées sur place durant l’hiver, quelques nichoirs adaptés.
Évitons de mettre des boules de graisse, qui donnent du cholestérol aux oiseaux : la meilleure nourriture pour eux reste les baies et graines sauvages, qu’ils trouvent dans les haies et les herbes sèches (mélisse, onagre, phlomis...etc)

La terre

Celle de notre jardin est précieuse, profonde et noire, presque sans cailloux, et nous en prenons le plus grand soin. Évitons surtout de la piétiner, car le tassement l’asphyxie, l’empêche de respirer. La petite faune qui s’y trouve a besoin d’air pour bien décomposer, assimiler les éléments et fabriquer l’humus.
Les vers de terre, très nombreux, apprécient le travail en douceur, sans motoculteur, avec une simple fourche-bêche ou une grelinette.
Chaque terre est particulière, j’aime observer sa couleur, son odeur, la vitesse à laquelle elle se réchauffe, sa profondeur... Ensuite, le défi est de choisir les plantes qui vont se plaire dans ce terrain là, et s’y adapter facilement.
Il y a des plantes pour l’ombre... d’autres qui se plaisent à rôtir au soleil, d’autres encore aiment patauger les pieds dans l’eau. Bien connaître les besoins de chacune, c’est une clé de la réussite !
Les sedum par exemple sont des petites plantes inconditionnelle du plein soleil en sol pauvre et très sec.

Les graines

Je suis fascinée par les graines : minuscules poussières parfois, telles que celles de coquelicots, qui donnent naissance à de gros bouquets de fleurs écarlates.
La graine, c’est un secret, c’est un jardin à elle toute seule. Un concentré de vie !
La graine me parle du temps, le temps qu’elle mettra à germer. C’est ça, pour moi, le temps du jardin.
Je n’aime pas acheter des arbres ou des arbustes déjà adultes, qui ont grandi trop vite, dans des pots étroits. J’aime les petites plantes, qui mettront plusieurs années à s’épanouir à leur vitesse, et à bien ancrer leurs racines.

Observer

Dans le jardin il y a des bancs, partout.
Une pierre, un tronc. Des bancs pour l’ombre et d’autres au soleil.
J’aime m’asseoir souvent : pour contempler, admirer la lumière, les oiseaux, la visite quotidienne du merle ou de la bergeronnette, regarder pousser les herbes, m’imprégner.

Les plantes sauvages

J’accueille beaucoup d’herbes folles, des sauvageonnes et je les aime toutes ! Même les piquantes comme l’ortie. Même celles qui ont une odeur âcre, comme la ballote ou l’épiaire, même celles qui se ressèment partout comme le fenouil, l’ancolie ou la bourrache...
Certaines en portent de très jolis : ’réséda lutea’, ’kickxia élatine’, ’cucuballe à baie’, ’germandrée iranienne’, ’eupatoire chanvrine’... Mes préférées sont celles que visitent les insectes à tombée du soir comme l’épiaire, la chélidoine et la valériane rouge. 
J’aime quand les plantes viennent seules, là où le sol leur convient. Généreuses molènes, roses trémières, onagres, bien dressées au soleil... On peut lancer quelques graines, comme avec une baguettes magique ; ’lancer des jardins’ dans un sol un peu remué, et puis attendre le résultat... imprévisible, et toujours surprenant. 

Amarantes et fenouil

 Les plantes sauvages se marient bien avec celles, disons ’plus ...horticoles’. Si bien que l’on ne sait plus très bien quelle est la frontière entre les deux...
Une mamie-amie, Odette, m’a fait un jour cette remarque : ’Dis-donc, chez toi, il n’y a pas de mauvaise herbe ! Comment fais-tu ?’... J’ai souri, car en réalité elles sont vraiment partout, ces soit-disant ’mauvaises herbes’, mais un peu mises en scène elles passent aisément pour des figurantes...

graminées : calamagrostis

Les graminées, voilà des plantes que j’aime vraiment beaucoup, car elles donnent un balancement au jardin, et à la fois structure et légèreté : calamagrostis, miscanthus, penissetum et panicum en tête.
Elles font le décor du jardin durant tous les mois de l’hiver, dernières à résister quand tout le reste est rabougri. Certaines sont parfaites pour la vannerie spiralée.

Les petites bêtes

Dans un jardin on peut discourir sur les fleurs, mais immanquablement on en vient toujours à parler des insectes... Dans mon jardin, ils sont les bienvenus : abeilles sauvages ou domestiques, bourdons, papillons, libellules...
Parce que les uns ne vont pas sans les autres. Un jardin sans fleurs équivaut à un jardin sans insectes, et inversement !
Si je plante le grand fenouil bronze, c’est pour plaire au grand papillon Machaon, et découvrir un matin ses étonnantes chenilles vertes, orange et noires.

A visionner et partager : Les soigneurs de la Terre / Claude Bourguignon :


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