Aulne
L’aulne glutineux, alder en anglais, est un grand arbre commun des zones humides et des bords de rivière arbre.
Il est très précieux car capable de dépolluer les nitrates des nappes souterraines.
Il se resème spontanément dans les espaces très humides.
Écorces d’aulne récoltées début septembre
J’ai récolté des rejets de 2 ou 3 ans, et les ai écorcées. Ce travail tache un peu les doigts, et une belle teinte cuivrée sur l’écorce apparaît dès que la sève s’oxyde à l’air.
(Il faut noter que selon l’époque où l’on récolte cette écorce on obtient des teintes différentes.)
J’ai mis ces copeaux de bois à tremper dans de l’eau de pluie, dans un pot en verre, où elles macèrent depuis 1 ou 2 mois dans la serre du jardin. C’est l’endroit idéal car la température est chaude en journée.
J’utilise ce jus gorgé de tanin, en mélange avec d’autres préparations, au fur et à mesure des besoins. Le tanin est une substance précieuse en teinture et pour le tannage des peaux.
Les fruits d’aulne
Ces petits fruits bruns sont aussi appelés strobiles : telles de mini pommes de pin, ils contiennent les graines de l’aulne qui les porte, et sont très appréciées du tarin des aulnes, petit oiseau fréquentant les zones humides où pousse l’arbre en question. Là encore, on retrouve le précieux tanin dans cette partie de l’arbre.
Une courte macération de ces fruits (de 2 ou 3 jours au minimum) est nécessaire pour qu’ils libèrent doucement le tanin qu’ils contiennent, suivie d’une décoction permettant d’obtenir cette chaude teinte.
Les fruits étant riches en tanins, il est inutile d’utiliser du mordant.
Citons, pour le plaisir, le sieur Dambourney (1786) :
La teinture réclame son écorce pour la couleur noire qu’elle procure, lorsqu’on ajoute à son bain la rouille des vieilles ferrailles décomposée dans les acides végétaux.
Deux onces d’écorce, ou trois onces de brindilles fraîches d’aune, hachées et cuites dans une pinte d’eau pendant une heure et demie, m’ont donné un bain jaune ravenelle , dans la colature duquel j’ai abattu un gros de laine LF, qui, travaillée pendant trente minutes entre chaud et bouillon, a pris un jaune-ravenelle mat, et qui, en y séjournant encore autant au petit bouillon, s’est viré en une assez belle couleur merdoie dorée.
En ajoutant quelques gouttes de dissolution de fer, dans le déchet de ce bain, on obtient, sur laine du même apprêt, un gris jaunâtre excellent pour les demi-teintes et ombres des chairs pour les figures des tapisseries.
La laine d’apprêt AT y contracte un gris-foncé.
Le bois écorcé frais de l’aune, étant haché et cuit pendant deux heures, donne, dans les mêmes proportions, une bonne bruniture couleur de tabac râpé de France.
Les brindilles coupées et employées au mois de mars, ont, au même poids de trois onces et en deux heures de cuite, fourni un bain couleur de cannelle , dans la colature duquel un gros de laine LF a pris, au premier bouillon, un jaune rompu, mais agréable, bonne ombre de jaune.
En y ajoutant un quart du poids de la laine en garance, on lui communique un mordoré clair assez beau : excellent pied pour tous les lainages que l’on désire teindre en carmélites. Il ne reste plus qu’à les passer dans un bain de quatre fois leur poids de baies sèches de bourdaine,et d’autant de jeunes branches de peuplier d’Italie.
Une once de brindilles d’Aune, bien séchées à l’ombre, pulvérisées, cuite pendant une heure et demie dans les trois quarts d’une pinte d’eau, a donné un bain jaune fauve, assez riche.