L’abeille et les hommes
Depuis quand existe l’abeille ?
Quand l’Homme a-t-il commencé à créer des ruches pour les élever ?
En quel matériaux étaient les ruches traditionnelles ?
L’abeille, ou plutôt les abeilles, existent depuis 100 millions d’années. On le sait parce que des abeilles fossiles ont été trouvées, incrustées dans l’ambre, en Birmanie.
Depuis ces temps reculés elle n’a jamais cessé d’évoluer, et de se diversifier en genres et espèces différents.
Le genre Apis existe depuis environ 40 millions d’années.
L’espèce Apis mellifera, depuis 700.000 ans
Dessin gravé il y a 9000 ans dans une grotte en Espagne
L’homme, à l’image des chimpanzés a toujours eu une grande attirance pour le miel. Dans les temps reculés, il était cueilleur, et prélevait le miel dans les troncs d’arbres ou les cavités des falaises.
Des récoltes périlleuses pour les humains et parfois dommageables pour les abeilles quand elles s’apparentent à du pillage, se pratiquent toujours aujourd’hui à l’aide d’échelles de cordes et de torches enfumées, dans certaines falaises du Kenya, Congo, Cameroun, Éthiopie, ou au Népal.
- On pense qu’il y a environ 5.500 ans l’homme a commencé à s’organiser et a créer des ruches, et à rapprocher les abeilles de ses lieux d’habitation.
- Il y a 4500 ans, les fresque égyptiennes représentent la récolte du miel dans des ruches en terre. Les prêtres et les rois en avaient le monopole. Le miel était principalement considéré pour ses propriétés thérapeutiques et comme offrande aux Dieux.
- Il y 3000 ans, existaient d’impressionnants ruchers, comme l’attestent les fouilles archéologiques du plus ancien rucher connu, en Israël, celui de Tel Rehov dans la vallée du Jourdain.
Les fouilles dirigées par le professeur Amiaï Mazar (The Hebrew University of Jérusalem) ont montré que l’apiculture s’y pratiquait à grande échelle. Dans chaque rangée, les ruches horizontales en terre et paille étaient superposées sur trois niveaux et on estime à 500 kg/an le miel produit par an dans ce rucher.
Ruche tronc
Les ruches troncs (l’origine du mot ruche vient du terme ’rusc’ qui signifie écorce) ont été les plus utilisées dans l’apiculture traditionnelle, et ce depuis les débuts de l’apiculture, aussi bien en Europe, en Afrique ou en Asie, du temps où la forêt était bien plus dense qu’aujourd’hui.
La terre et la paille étaient aussi des matériaux locaux abordables et facilement disponibles.
À travers toute l’Europe, c’est à proximité des abbayes et les monastères que s’est développée l’apiculture, en majeure partie pour fournir la cire des cierges d’églises.
Là encore, certains ruchers (murs à abeilles) pouvaient contenir de nombreuses ruches alignées, comme en témoignent certains vestiges qui sont parvenus jusque à nous.
Ce rucher comportant 200 emplacements de ruches, pour la récolte de la cire
Au regard de cet historique, il apparaît que les hommes ont industrialisé l’apiculture depuis plusieurs millénaires, regroupant des dizaines, des centaines de ruches en un même lieu, pour augmenter sans cesse les productions.
Ce constat est à mettre en parallèle avec la problématique actuelle de l’affaiblissement des abeilles qui a ses racines dans ces pratiques intensives. Cela fait bien longtemps que l’abeille travaille sans relâche pour les hommes. ’Trop de ruches’ entraîne la concurrence entre les colonies et la transmission des maladies.
’Trop de récolte’ s’accompagne d’une lente dégradation de la vigueur de l’abeille asservie par l’homme.
L’abeille est un animal sauvage, qui n’a de domestique que le nom qu’on lui a donné. Elle aspire à retrouver une vie plus naturelle, des espaces de nourriture florale diversifiés, une tranquillité indispensable à son équilibre. Nous, humains, sommes en train d’ouvrir les yeux, et de nous rendre compte de la main mise que nous avons posée sur le monde vivant en général, et sur l’abeille en particulier. Et le temps est venu de faire un pas en arrière, et de lui rendre sa place. Nous pouvons prélever de petites récoltes, mais sans jamais piller les ressources que la nature offre.