Noyer

Avec les bogues vertes, une teinture merveilleuse, facile à réussir

teinture de noix vertes en juillet

Merveilleux arbre pour la teinture. Le noyer, walnut en anglais, est utilisé pour ses fruits, ses feuilles, et même ses racines et son écorce.
Les enveloppes vertes des fruits (bogues) permettent d’obtenir une multitude de teintes différentes ! Elles donnent des résultats satisfaisants à tous les débutants qui rêvent de faire leur première couleur.
Je récolte habituellement les premières bogues de noyer vers la fin juin ou la mi-juillet, lorsque le vent en fait tomber au pied des arbres.

A cette époque elles sont assez petites et dures, d’un vert vif.
Mises dans un bocal en verre et couvertes d’eau de pluie, elles seront oubliées là quelques jours. Le liquide se teinte un peu plus chaque jour, et la chaleur du soleil aide les pigments à se libérer progressivement.
Dans ce jus fermenté et filtré, la laine prend parfois une couleur brun rosé, assez claire, sans mordant, en laissant le bocal simplement au soleil durant quelques heures.

Si le soleil a été généreux, les bogues de fin juillet et début août sont plus chargées en pigment dorés, et la teinte est totalement différente, un vert olive intense (à gauche).

La laine, mordancée à l’alun, se colore de teintes plus orangées rousses.

Au début du mois de septembre, les orages et coups de vent décrochent beaucoup de fruits verts des arbres. Décortiquées pour en retirer les noix mûres, les bogues, assez friables et un peu molles noircissent rapidement.
En bocaux de verre, puis couvertes d’eau de pluie, le liquide se teinte très rapidement de brun.
Les couleurs obtenues en chauffant un peu sont beaucoup plus foncées, tirant sur le brun vert olive

le beige clair est facilement obtenu en trempant la laine 5 minutes dans le brou à peine tiède, et rincée le lendemain.
Pour une teinte plus soutenue, le bain est chauffé au four solaire (octobre/50-60°C) pendant une heure environ, ou encore par macération de plusieurs jours dans le brou.

Sur les tissus en laine et soie les couleurs prennent plus facilement que sur les fibres végétales

Lors d’un nouvel essai, avec des noix de juillet, laine est d’abord devenue vert olive, puis brun foncé presque noire. Tandis que lin et coton sans mordant se sont colorés en gris vert.

Le noyer : une gamme de couleurs chaudes

Noyer (Juglans Regia. ) : C’est un ingrédient d’usage dans tous les ateliers de teinture, où il donne les couleurs fauves. On ne l’y emploie que dans un état de fermentation.
Au contraire je l’ai essayé frais : En cet état , deux onces broyées dans un mortier, cuites pendant une heure dans trois-quarts de pinte d’eau, m’ont procuré un bain brun-ardoise, donnant à la laine un marron-foncé, espèce de noir-bleuâtre très solide. C’est la plus belle des brunitures fortes que l’on puisse employer en tapisseries, parce qu’elle n’est point d’un ton cru et mort comme le noir.
La même dose, cuite pendant une heure sans bouillir, puis mêlée avec deux parties de vin ou jus fermenté de bourdaine , communique un olive-noirâtre et terne , mais solide.
Un peu de dissolution de fer en forme un mordoré noir bien assuré.
Ayant observé que tous les produits du brou de noix portaient au noir-bleuâtre, j’en ai broyé de tout frais , et l’ai mis dans un vase de verre avec de l’eau chaude pour le faire fermenter, ce qui a eu lieu en quatre jours.

Dambournay (1786)