Sauvetage d’un nid de bourdons
bourdon terrestre
Au mois de juillet, les insectes pollinisateurs s’activent au jardin : abeilles, bourdons butinent partout.
Certains ont trouvé un trou sous la terre pour se loger. D’autres ont investi un tronc d’arbre, une vieille souche, une soupente de grange, …
Malheureusement certains ont eu la malchance de s’installer ’au mauvais endroit’, comme cette colonie de bourdons des prés qui n’a pas trouvé mieux que l’abri enterré réservé à la cuve à fuel !!!
Le récit d’Olivier
Olivier, qui est le ’propriétaire de ce nid’ a réussi sa délocalisation sans dommages (ni pour lui, ni pour les ’petites bêtes’), avec une petite assistance téléphonique.
Voici son récit, ainsi que les photos qui l’accompagnent.
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« Comme prévu, j’ai débuté hier matin le déménagement de la colonie de bourdon… Habillé en double couche, avec chapeau et voilage, gants de jardinage, je me suis lancé, j’ai demandé à ma compagne de prendre quelques photos, mais entre nos peurs respectives, les photos ne sont pas super. J’ai choppé ’le paquet’ laine de verre + nid et l’ai mis dans la boite ’assez’ rapidement, pas trop non plus, fallait pas les stresser… C’est une sensation particulière d’avoir un nid de bourbons dans les mains, ça vibre fort… Mais ça va…le déménagement s’est bien passé. Une fois dans la boite, j’ai rapproché le plus possible celle-ci de l’ancienne position du nid, à environ 30/40 cm, et c’est vrai qu’ils ont galéré plusieurs dizaines de minutes avant de trouver l’entrée de leur nouvelle maison, mais ça a fini par le faire. Au bout de 2h, j’ai commencé leur migration, d’abord 10 cm à la fois, puis 20 cm, puis 30 cm, nous en sommes à pas loin de 2 m ce matin. J’ai ajouté 2 tuiles sur les côtés et 1 dessus, ça fait petite maison…Je me suis déjà posé la question de mettre une ruche sur mon terrain pour la pollinisation et un peu de miel. Je me contente de préserver et développer la biodiversité de mon terrain, aucun produit phytosanitaire, un peu de bouillie bordelaise dans le potager, purin d’ortie maison. La zone gazon est plutôt une zone prairie que je tonds le moins possible, lorsque je tonds, je laisse des formes diverses et variées non-tondues pour que les multiples espèces végétales présentes aient une chance de faire leur cycle complet, des massifs fleuris par-ci par-là… » Olivier
Le témoignage d’Emmanuel
« Apiculteur depuis un an, après avoir suivi un stage aux Petites Ruches, j’ai été appelé pour récupérer un essaim d’abeilles. Euphorique, je prépare mon matériel : combinaison, gants, caisse à essaim… me rends rapidement à l’adresse indiquée. Le propriétaire des lieux est surpris et ravi de me voir arriver rapidement afin de pouvoir être « débarrassé des ces abeilles » qui n’arrêtent pas d’aller et venir dans son cabanon de jardin. Il me dit qu’il a peur des abeilles car il s’est déjà fait piquer. Je me dirige vers le lieu indiqué, suivi à bonne distance par le propriétaire. Déception, je me rend compte qu’il s’agit d’un nid de bourdons logé dans un rouleau de laine de verre.
Je lui indique que ce ne sont pas des abeilles mais un nid de bourdons et qu’ils sont inoffensifs. Mais malheureusement pour les bourdons, la personne a une grande peur des insectes volants, il avait déjà fait détruire l’année dernière un nid de guêpes, et les bourdons risquaient de subir le même sort. Je lui propose donc de me renseigner pour savoir comment faire pour déménager un nid.
Renseignements pris sur la construction d’un nichoir à bourdons je me rend de nouveau sur les lieux en fin de journée afin de pouvoir en récupérer un maximum. Vêtu de ma combinaison d’apiculteur et de mes gants je déplace le rouleau de laine de verre, dégage le nid : e peux voir de tous petit bourdons. Je prends le nid, les bourdons qui l’entourent, de la laine de verre et place le tout dans ma caisse posée à proximité et la laisse ouverte. Pas de panique chez les bourdons quelques uns s’envolent, le propriétaire des lieux me regarde faire à distance. Je sort le rouleau du cabanon avec quelques bourdons restés accrochés. J’attends un bon quart d’heure que les retardataires veuillent bien regagner le groupe. Je quitte les lieux après avoir refermé la caisse et avoir dit au propriétaire de nettoyer avec de l’eau les lieux afin de brouiller les pistes. Le propriétaire est incrédule me vois repartir content avec le nid et les bourdons dans ma caisse.
Le lendemain matin, partant du principe que les bourdons sont proches des abeilles je prends mes baguettes de sourcier et cherche un endroit propice dans ma haie. Muni d’un simple masque et de mes gants, je prends un grand un pot de fleur de terre cuite et y place le nid, retourne le tout, place un pot cassé sur le trou pour que l’eau ne pénètre pas, tout en laissant une sortie aux nouveaux locataires, le tout bloqué par des tuiles.Mais attention, les bourdons ça piquent, j’ai été victime de mon imprudence : deux piqûres à travers le pull. Me voilà renseigné un bourdon ça peut piquer. Quelques heures après, tout était calme et quelques uns cherchaient à rentrer en passant sous le pot. J’ai alors surélevé le tout afin de les laisser passer librement. Depuis ils butinent tranquillement… »
(Merci Emmanuel pour ce récit !)
En espérant que ces reportages servent à d’autres personnes qui se trouveraient dans cette situation délicate !
A savoir : Les bourdons (qui font partie de la famille des abeilles sauvages) récoltent de très petites quantités de miel pour nourrir la famille à la belle saison. Mais une fois que l’hiver arrive, seule(s) la/les reines fécondées subsistent l’hiver, dans un abri (trou de mulot vide, tas de feuilles mortes, tas de bois, tas de pierre. Contrairement aux abeilles mellifères la colonie de bourdons n’amasse donc pas une réserve de miel pour subsister à l’hiver. La quantité de miel récoltée par les bourdons est trop faible pour être exploitée par les hommes. (heureusement pour eux !!!)