les récoltes
Printemps : La nature s’éveille et la saison des teintures reprend, avec bonheur : fougère aigle, pissenlit, feuilles de ronces, de fruitiers, de bouleau ; genêt des teinturiers, plantain,…etc de nombreuses plantes abondent. Il est temps de relancer quelques pots de macération !
C’est aussi l’occasion de récolter diverses feuilles afin de tester celles qui « marquent » le mieux leur empreinte sur le tissu. Cela dépend de leurs pigments, et découvrons que certaines herbes sont plus colorantes que d’autres. Par exemple la mercuriale ou le cerfeuil penché, la germandrée ou les primevères.
Été, la saison chaude est la saison ’reine’ pour teindre à partir des plantes qui foisonnent un peu partout. Et le soleil généreux facilite les cuissons au four solaire. Achillée, solidage, tanaisie, bourdaine, anthémis, mais aussi dahlias, hélianthe et cosmos, pour n’en citer que quelques unes.
Printemps : La nature s’éveille et la saison des teintures reprend, avec bonheur : fougère aigle, pissenlit, feuilles de ronces, de fruitiers, de bouleau ; genêt des teinturiers, plantain,…etc de nombreuses plantes abondent. Il est temps de relancer quelques pots de macération !
C’est aussi l’occasion de récolter diverses feuilles afin de tester celles qui « marquent » le mieux leur empreinte sur le tissu. Cela dépend de leurs pigments, et découvrons que certaines herbes sont plus colorantes que d’autres. Par exemple la mercuriale ou le cerfeuil penché, la germandrée ou les primevères.
Automne : les récoltes sont abondantes, en particulier au moment des tailles de haies du jardin, ou du voisinage. Il ne sera pas rare de découvrir un tas de branches fraîchement coupées…
Le visage de la teinturière en promenade s’illuminera alors d’un large sourire ! Sumac, viorne, merisier, bouleau, troène, laurier, églantier ou prunellier rejoindront bientôt ses macérations ou ses décoctions, à moins qu’elles ne sèchent pour un usage ultérieur !
Technique ancienne, aujourd’hui peu pratiquée, La fermentation longue des plantes tinctoriales est très intéressante,
s’apparentant à la lacto-fermentation anciennement pratiquée pour la conservation des légumes, et aujourd’hui peu utilisée sauf pour la choucroute.
Les plantes (écorces, baies, feuilles ou fleurs) libèrent naturellement de l’acide lactique dans l’eau, protégeant ainsi le bain du pourrissement. Cela permet d’éviter la cuisson du bain de teinture, et la qualité de la laine s’en trouve préservée ; de plus cette teinture ne nécessite aucun mordant, (les mordants sont des sels ferreux plus ou moins polluants et coûteux, qui aident à la fixation de la couleur sur la fibre).
C’est une ’éco-teinture’, pratiquée depuis les temps les plus anciens. Elle demande de la patience, car le résultat est aléatoire, et s’obtient après plusieurs semaines. Plusieurs bains sont actuellement en attente, je les surveille, les respire pour savoir comment ils évoluent, les secoue pour chasser les bulles d’air, et découvre comment les plantes libèrent leurs substances cachées… : phytolaque, sureau yèble, troène, chêne, carotte sauvage, bogues de noix encore et encore, bruyère…
Quelques plantes tinctoriales présentes dans le jardin ou les environs proches
Noyer : Juglans regia
Les bogues de noix vertes, ramassées au sol de juillet à octobre donnent une multitude de teintes chaudes, solides et très faciles à réaliser
- Aulne glutineux : alnus glutinosa
son écorce, ses fruits sont abondants. Il pousse en terrain humide - Bouleau : betula
Feuilles et écorces - Chêne : Quercus
Son écorce se récolte au printemps. Riche en tanin. Les feuilles, les glands sont aussi utilisés, de même que les galles.
Les feuilles et l’écorce se récoltent presque toute l’année. - Figuier : Ficus carica
Ses feuilles se récoltent en été - Troène : Ligustrum vulgare
Très commun, ses baies noires se récoltent en août et septembre - Bourdaine : Frangula alnus
L’écorce et les baies de la bourdaine sont tinctoriales, l’écorce se récolte au printemps ou en hiver. Les baies au mois d’août. - Genêt des teinturiers : Genista tinctoria
Ce petit arbrisseau fleurit abondamment en mai-juin, et pousse dans certains coteaux acides du village. - Viburnum opulus : viorne obier
Les feuilles se récoltent au printemps et en été - Tanaisie : Tanacetum vulgare
cette grande plante vigoureuse occupe rapidement de grands espaces, permettant d’obtenir un matériaux abondant et riche en tanins. - Pastel des teinturiers : Isatis tinctoria
Unique plante source de bleu d’Europe, elle est réputée dès l’age du fer, et plus tard remplacée par l’indigo venant d’Asie.
Elle est facile à semer au jardin, mais pas facile à utiliser en teinture - Garance des teinturiers : Rubia tinctorum
Sa racine est la principale source de rouge, cultivée depuis l’Antiquité jusqu’au début du XXème siècle.
Les gaillets (blanc, jaune, ou gratteron), cousins de la garance, ont également de racines rouges, utilisables en teinture. - Callune : Calluna vulgaris
Cette ’bruyère’ commune et abondante fleurit rose en août septembre dans les lisières des bois. - Lierre : Hedera helix
Ses baies noires se récoltent de janvier à mars, pour des teintures au nuances variées - Vigne vierge : Parthenocissus quinquefolia
Ses baies noires se récoltent en septembre
Vigne rouge : Vitis vinifera
Ses fruits se récoltent en septembre, ou simplement le marc
Expérimentations
Dans mes ’soupes de sorcière’ j’ai appris à regarder passer les couleurs comme on regarde passer les nuages. La laine qui semble rosée pendant quelques instants, s’oxyde et vire au violet, puis d’un beau gris au lavage ou peut-être vert-de-gris selon le pH du savon et de l’eau, pour finir par un ton indéfinissable qui garde la mémoire de toutes les teintes successives. Seule la teinture végétale est capable d’une telle prouesse. La teinture chimique ne raconte pas l’histoire des saisons, du vent, du soleil et de la pluie qui créent les couleurs naturelles.
Généreuse nature
Expérimenter, encore et toujours… Je prépare des assemblages au gré de mes inspirations, sans piller la nature ni gaspiller : par exemple, j’aime utiliser certains restes de cuisine (feuilles d’épinards ou de rhubarbe), les feuilles et brindilles tombées au sol lors d’un coup de vent, le broyat de végétaux laissé par les épareuses après les tailles de haies, le marc de café ou de raisin, les tailles de haies ou des arbres tombés, etc…
Le nom des couleurs :
En 1779 le Sieur Dambourney de Rouen, dans son ouvrage « Recueil et expériences sur les teintures solides que nos végétaux indigènes communiquent aux laines et aux lainages », désigne les couleurs de laine par des appellations qui nous sont aujourd’hui étrangères. Là où nous serions tentés de dire ’beige’, lui y voit ’ventre de crapaud’, ’vigogne’, ’aurore rembrunie’, ’aventurine’, ’poil de casor’, ’musc’, ’coton de Siam’, ’Nankin clair’, ’noisette douce’, ’ventre de biche’, ’tabac rapé’, ’ombre chamois’, ’mordoré’…